Il fait suite à Légion, mais peut aussi totalement s'aborder indépendamment (même si ce serait dommage...).
Je ne puis encore vous donner de date de sortie précise, mais je vous le confirme : ça arrive !
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Chapitre Premier
C’était officiel : elle détestait sa voiture. Elle
l’avait achetée deux ans plus tôt – une affaire semblait-il alors. Pensez
donc : une "première main" avec même pas trente mille kilomètres
au compteur, pour à peine la moitié de sa côte à l’argus !
Leurs premiers mois communs furent sans nuages, mais ont
rapidement laissé la place à une succession de galères. D’abord un pneu crevé –
rien de méchant. Puis une courroie de ventilateur qu’un garagiste peu
scrupuleux, mais fort convaincant, avait réussi à lui surfacturer généreusement.
Quand elle avait vu la note, elle avait cru à une blague et cherché la caméra
cachée.
Puis d’autres tracas, encore, qui se succédaient comme les
tics et les tacs d’un lent métronome : un par mois, invariablement. Sauf
pour ce mois de février, à peine entamé, qui fêtait déjà sa seconde panne en
sept jours. Sûrement la faute à l’année bissextile. Ou parce que, comme elle,
la voiture en avait assez de se réveiller à quatre heures du matin.
Elle s’échinait sur la pédale d’embrayage en tournant
rageusement la clef de contact. La Clio ronronna (non : ricana), toussa (s’étouffa
de rire) puis se tut. Et merde.
Il n’y aurait pas de transport en commun avant une bonne
heure. Elle pesta comme chaque jour contre son boulot qui l’obligeait à se
lever à cette heure indue, puis se mit à insulter copieusement l’indocile
mécanique, avant d’implorer sa pitié sur un ton aussi mielleux que forcé. Elle
lui jura qu’elle lui offrirait une révision complète et même qu’elle irait
jusqu’à repeindre sa carrosserie qui, il était vrai, en avait cruellement
besoin. Elle tourna une nouvelle fois la clef de contact. La voiture, toujours
aussi récalcitrante, laissa échapper un bref toussotement moqueur et hautain
avant de se murer dans un silence indigné.
Elle leva furieusement les poings pour les abattre sur le tableau
de bord, mais jamais elle ne les abaissa.
Le choc fut terrible. L’avant du véhicule implosa, le
pare-brise vola en éclats. La violence de l’impact souleva l’arrière du
véhicule du sol, projetant sa propriétaire hors de l’habitacle, comme si le cratère
qui s’était formé dans le capot essayait de l’aspirer.
Elle glissa tête la première vers le trou dans le métal. Par
réflexe, elle plaqua les bras contre la carrosserie, mais ne réussit à freiner
sa chute que quand sa tête et ses épaules furent happées par la formidable
déchirure. Son visage frôla l’amas informe de chair et d’os qui s’était niché dans
la carlingue, là où se trouvait encore peu avant le moteur récalcitrant de son
automobile. Alors, elle hurla.
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