mardi 10 février 2015

Quatre incipits

Je vous l'avoue, en ce moment, je suis plutôt très accaparé par mon "vrai boulot" et ai dû lever un peu le pied sur l'écriture. Et par la même occasion, j'ai un peu négligé ce blog. Alors voilà : je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée de lever le voile sur quelques petites choses en cours. Enfin, quand je dis en cours, ce n'est pas tout à fait vrai : sur les quatre textes introduits ci-après, deux sont achevés - l'un complètement, l'autre nécessitant quand même quelques relectures et corrections. L'autre moitié est en cours d'écriture. Je ne vous dirais bien sûr pas plus, pas même à quoi correspond chaque extrait ci-dessous. Il y a du roman,  de la nouvelle, de la série, dans le tas. A vous de conjecturer.
Voici donc les premières lignes du premier chapitre de ce quatuor inédit. Enjoy, j'espère.


#Incipit 1
— Comment tu t'es fait ça ?
Nelly referma ses doigts autour du bras gauche nu de Dom et le caressa de la pulpe du pouce, juste en dessous de la fine ligne rose sombre d'une estafilade. La coupure était nette et rectiligne, longue d'une bonne demi-douzaine de centimètres. Même sous la lumière tamisée des lampes de chevet qui gardaient leur grand lit aux draps défaits, on voyait que la griffure était récente.  
 
#Incipit 2
—Je veux t'entendre crier, Marty ! Allez, gueule, ma guidoune !
La grosse femme arborait un serre-tête orné de deux grandes cornes rouges en plastique creux, à la moulure ostensible et à la rigidité discutable. Chacun de ses mouvements faisait se balancer mollement les pathétiques ornements, pareils à de ridicules oreilles de lapin de dessin animé.

#Incipit 3
 – C’est parfait. Merci.
Charles espérait que Sarah ne remarquerait pas la pointe d’ironie qu’il n'avait pu retenir en découvrant le vestibule de la chambre d’hôte qu’elle lui louait. Parfait ? Disons plutôt "Pittoresque".
Le vieux carrelage marron fatigué rivalisait de décrépitude avec le papier peint plus que défraîchi, certainement séculaire vu ses motifs Art déco hideux - une succession d’ombelles roses enchevêtrées sur un fond caca d’oie. Au plafond, une ampoule nue pendait au bout de fils électriques tordus dont les gaines avaient perdu leurs couleurs. Un vide-poche en bois brut, moucheté de trous de vrillettes gourmandes faisait office d'unique meuble de l'entrée. L’endroit dégageait un parfum rance qui rappelait la poussière, la sueur et la moisissure.

#Incipit 4
– Alors, vous en dites quoi ?
Le soleil couchant venait de glisser derrière la montagne et projetait ses derniers rayons sur les contours brisés de la roche. La neige réverbérait la lumière en de vifs halos orangés mouchetés de diamants, comme dans un baroud d’honneur avant que l’horizon ne l’engloutisse.
Malgré la fatigue et les courbatures qui commençaient à l’éreinter, Catherine, en tête de cordée, se forçait à rester souriante.