J'ai toujours aimé raconter des histoires. Ça fait très
"cliché", de dire ça, pour un auteur, mais c'est pourtant vrai.
Attention, le petit Watto va sortir. |
Je me souviens que gamin, je passais des heures à mettre en
scène mes petites figurines Star Wars dans des tableaux figés. Je crois que ma
mère s'inquiétait un peu de ne pas me voir les faire se battre comme le font la
plupart des garçons, à grand renfort d'effets sonores à la bouche, de
mouvements brusques et de confrontations physiques brutales entre, disons,
Cispéo et Greedo. Non : j'étais calme, trop calme. Quand mes compositions me
convenaient, je restais assis devant, me racontant les histoires illustrées par
ces tableaux dans ma tête : dialogues, descriptions, pensées. Jusqu'à ce que
l'aventure nécessite un nouveau tableau-charnière, une nouvelle image-clef.
J'ai gardé cela pour l'écriture de mes romans en construisant mes histoires autour
des ces "nœuds narratifs".
Greeeeeeeeeeat story, dude ! |
Il y a quelques années, je suis tombé par hasard sur mes
notes de l'époque. En fait, ce n'est pas un mal que je n'ai jamais rien
terminé. Il y avait quelques bonnes idées - dont certaines que je vais peut-être
reprendre, un jour, mais c'était quand même majoritairement pourri.
Burnout au boulot. |
Et là, vous avez compris ? |
Ça m'a terrorisé. Si je l'avais perdue, cette disquette, si
quelqu'un la trouvait et exploitait ces textes signés de ce nom prestigieux, je
m'en serais voulu à mort. À dire vrai, je n'ai pas osé lire le moindre fichier de
ce rectangle de plastique. Parce que je ne me considérais pas digne de ce
cadeau, mais aussi parce que j'étais terrorisé de faire une bêtise. Alors je
l'ai démagnétisée, détruite, réduite en charpie. Ça me déchira le cœur, mais je
me sentis soulagé, rassuré. Ces inédits étaient mieux protégés, ainsi.
Ces histoires, je suis certain de les avoir lues quelques
années plus tard dans un recueil. Ce n'était donc que partie remise, Bernard.
Merci.
Quand j'ai commencé à écrire En Série, des années plus tard, c'était sur les fondations de ce que cet écrivain m'avait raconté. Lui et quelques autres que j'avais eu l'honneur de croiser et embêter à leur tour. Raymond, notamment. Impressionnant de noblesse et de bonhomie.
Quand j'ai commencé à écrire En Série, des années plus tard, c'était sur les fondations de ce que cet écrivain m'avait raconté. Lui et quelques autres que j'avais eu l'honneur de croiser et embêter à leur tour. Raymond, notamment. Impressionnant de noblesse et de bonhomie.
Mais ce besoin de raconter mes histoires n'était pas encore
mûr. Je crois que c'est justement parce que j'avais ma dose, en écrivant mes
tests de jeux décalés, plus proches de la nouvelle que du compte-rendu
technique. Jusqu'au jour où j'ai changé d'univers et ai dû adapter mes articles
à de nouveaux supports où mon imagination n'avait plus droit de cité.
Le manque s'est fait sentir, mais il a fallu encore pas mal
de temps pour que je trouve l'histoire qui, à mon sens, mériterait d'être
écrite jusqu'au bout.
Le vrai visage du Sergent Garcia |
Jusqu'à ce que je lise un thriller français, d'un excellent
auteur très inspiré par l'imagerie hollywoodienne. J'ai adoré. L'histoire se
déroulait du point de vue de l'enquêteur, à l'exception d'un chapitre,
exprimant celui du tueur. Ça m'a fait flipper. Ça m'a donné envie d'une
histoire entièrement lue par le méchant.
C'était ça que je devais faire ! Merci, Maxime.
Oui, mais non. |