mardi 5 juillet 2016

Dans le creuset d'Esoterre, deuxième partie.


Vous le savez peut-être (je le revendique publiquement à chaque fois que j’en ai l’occasion, quitte à saouler tout le monde avec ça), je suis un immense fan de l’œuvre d’Howard Philip Lovecraft.
C'est lui, là :
(Vous pouvez lire une partie de son œuvre là, par exemple. Faites-le. Vraiment.)

J'ai découvert Lovecraft assez jeune, vers les 12 ans, à un âge où on ne devrait pas lire Lovecraft, même si l'horreur qui suinte de ses textes n'est pas de celle qu'on réprouve habituellement. Pas de violence gore, pas de trash, mais une noire poésie qui met mal à l'aise et un univers novateur, peuplé de monstres innommables, de réalités inimaginables et de fous furieux. Un peu comme le monde politique, mais en plus sympa.


Plus tard, devenu plutôt pas mauvais dans la langue de Shakespeare, j'ai redécouvert ses écrits en version originale. Aussi remarquables que soient les traductions de ses textes, leur forme originelle est inimitable. Car Lovecraft n'est pas un écrivain, mais un musicien. Enfin, c'est comme ça que je le vois. Chaque phrase est une mélodie, chaque chapitre un mouvement, chaque histoire une symphonie. Plus que quiconque, il m'a fait réaliser qu'une histoire était bien plus qu'une succession de phrases... au point où même si l'on n'entend pas les mots, leur musique suffit à poser une atmosphère. 
 

Je me suis toujours efforcé d'injecter cette musicalité dans mes textes, avec plus ou moins d'insistance - beaucoup dans En Série, moins dans la nouvelle Mon Byakhee à moi, par exemple. Certains passages d'Esoterre sont composés ainsi, aussi. Et pour cause...

Sans vouloir imiter le style d'Howie, ni m'immiscer dans son univers lovecraftien (parce que c'est comme ça qu'on l'appelle, donc autant vous dire qu'il en impose, le monsieur), ça fait longtemps que je tourne autour. J'évoquais Mon Byakhee à moi quelques lignes plus haut et les connaisseurs ont aussitôt repéré la lourde allusion. Mais cette nouvelle (disponible, soit dit en passant, dans le recueil papier et numérique Nouve11es, aux côtés d'autres petites histoires d'horreur, de SF et de trucs beuark) est plus un hommage qu'une incursion.

En fait, ça résume fort bien ma relation schizophrène avec le monde d'HPL (oui, j'ai plein de petits sobriquets sous le coude, pour lui) : vouloir y entrer pour lui rendre hommage tout en restant respectueusement à distance.


Avec Esoterre, j'entre de plain-pied dans le lovecraftien, sans y plonger le moindre orteil. En fait, me refusant à souiller son œuvre, je me suis permis de lui emprunter pas mal de petites choses et de les mélanger avec d'autres folklores, véritables ou fictifs et des personnages et évènements historiques, aussi. Bref, j'ai inventé mon petit monde parallèle à celui de Lovecrounet.

Des monstres, vous allez en croiser, dans Esoterre. La plupart (et sûrement les pires) n'ont ni tentacules, ni carapaces chitineuses suintantes d'humeurs fétides et poisseuses. Mais quelques-uns ont un petit côté... comment dire....
Voilà ! Un peu comme ça, oui...